jeudi 5 juillet 2018

VIDE D'ERRANCE .1980.

STJ.D'ASTRE.



































ÉCRITS

FRAGMENTS (II)





































































CORRIGE NON RÉVISÉ





st.J.D'ASTRE.



































1980



VIDE D'ERRANCE

Cahier rouge et jaune à raies blanches








































Samedi 6.1 1980





De retour sur Paris depuis hier soir.

Une rencontre dans le train ; cette femme que son Jules attendait à la gare.

J'ai emporté avec moi une radio, lègue des parents. (la radio du père).

Je supporte de moins en moins l'odeur de pauvreté qui rôde dans ma chambre.









Juste avant mon départ pour Paris, je suis allé me balader sur le terrain de jeux de mes dix ans, celui qui me servit plus tard de terrain de rêveries et de méditations lorsque j'ai atteint l'âge seize ans. Là je suis resté quelques instants en contemplation devant le village qui ma vu naître ; j'étais surpris qu'il ait autant changé.









DIMANCHE 7.1.80.





Rendez-vous demain pour film.

Prévoir quelques photos de peinture pour la déco.

Me documenter sur Gréco.

Passer voir N… et B…

Pointer chômage.

Envoyer feuille ASSEDIC.

Écrire parents. (Carte)

Écrire proprio pour cloison.

Pour DEA fournir plans pour le 14.

Approfondir réflexion théâtrale

Peinture, série de grandes toiles à mettre en chantier

Gravure continuer la démarche.

Écriture ré-assemblage d'éléments épars.

Réflexion sur les médias.







MERCREDI 9.1.80.



Suis en train de travailler sur St Antoine de Padoue(maquette peinte).

Ai vu ce soir E.. Elle est dans une passe difficile je crois. Elle se pose des problèmes sur sa survie. Elle s'est donnée encore une année, pour décider si elle avait raté sa vocation d'actrice.

Elle fonce trop tête baissée. J'aimerais l'aider ; mais je ne vois pas comment encore.

Le travail intellectuel sur le DEA ne m'emballe pas ; mais je vais tout de même l'engager.

Pour les projets de grandes toiles ; je dois faire des études préparatoires ; travailler dessus régulièrement.











SANS DATE











Comprendre l'espace primitif.



















SANS DATE











Je suis repassé voit H.L.. le graveur dans son atelier rue Lepic; il ma parut moins disponible que lors de notre dernière rencontre. Il ma dit qu'il ne pouvait pas assurer tous les gens qui venaient travailler chez lui. Comme c'est un créateur passionné par son travail, il ne peut pas être à la disposition de tout le monde. Je lui ai demandé de faire un dernier tirage ; celle des planches que j'ai réalisées dans les Vosges. Je veux conserver le contact avec lui ; son amitié me plaît.

J'ai du mal d'entamer l'étude sur les origines des mythes.

Ma situation matérielle me préoccupe légèrement. Combien de temps puis je rester dans cette maison ? ; trois quatre ans ou moins ?

Je dois consolider mes bases économiques dans les années qui viennent.

L'enseignement expérimental me plairait. (au niveau du théâtre).

Je pousse mes pions dans différentes directions, peinture théâtre, écriture ; aucune de ces trois activités ne me procure de source de revenu ; c'est assez déprimant.








SANS DATE













Mon obsession du temps est d'ordre économique ; je dois prendre d'autres paris dans la création.















SANS DATE















Le printemps est avancé ; hier j'ai passé l'après - midi, comme avant-hier à la bibliothèque. J'ai commencé par prendre des notes sur le sacré sauvage de (Bastide). Ma méthode est anarchique.

Je dois trouver une méthode de travail plus efficace.

Les ouvriers sont sous ma fenêtre ; ils rénovent la façade ; ils sont trés bruyant ; mais cela me change du silence habituel.

J’espère pouvoir utiliser plus tard le travail de (Bastide), pour le moment je vois mal encore comment le réinvestir.

















SAMEDI 2 février 8O.







Suis allé au concert de S... hier soir; j'y ai rencontré cette fille aux longs cheveux qui tient la galerie ;elle ma proposée d'exposer dans celle ci.

Je vais prévoir cela.

J'ai passé le restant de la nuit, à regarder des films dans ce cinéma à République qui est ouvert toute la nuit.

Je suis sorti de la salle à six heure du matin.

J'ai remonté le boulevard sous une légère pluie ; il faisait encore nuit.

J'étais un peu surpris de découvrir Paris qui s'éveille.

Il y avait des nuées de balayeurs habillés en vert ; pour la plupart des immigrés ; les marchands de primeurs déballaient déjà leur marchandise ; les noctambules rentraient chez eux ; des filles maquillées comme dans les magazines se heurtaient du coude rue Montmartre ; Rue St Denis les travestis couraient sur les trottoirs.

Je me suis fais à manger en rentrant ; puis j'ai lu cent ans de solitude.

Je me suis réveillé à quinze heure ; je sentais le printemps dehors.

Je me suis levé, j'ai joué avec la chatte.

J'ai pris une collation, puis - je suis allé m'acheter des allumettes un peu plus haut à Pigalle.

En marchant sur les boulevards, j'étais étonné de voir les grandes queues (de gens de couleur ) devant les cinoches ou l'on passe des films de karaté, et des westerns spaghettis.

En revenant de Pigalle rue des martyrs, j'ai aperçu de la lumière chez E… je suis monté.





S… ( le nouvel amant de E…) était là, je lui trouve l'air pâle et fragile.

E… était là .

Je suis toujours étonné du caractère extrême de mes répulsions et de mes attirances vers elle ; c'est comme si une passion inexplicable me liait toujours à elle. Une passion inassouvie semblable à une drogue forte ou à un piment que j'avais été habitué à prendre à une certaine époque d'une façon régulière.

Dans mon sang il y a toujours ce manque.

J'ai pu observer chez E… à certains états de son visage, ce qui l'anime intérieurement.

La persistance de ma passion pour elle m'agace ; je voudrais bien mettre en relief ce qui m'attache encore à elle pour tenter de m'en guérir définitivement.

Je n'ai pas renoncé entièrement au caractère de cette passion ; elle me guette, comme l'ombre guette le soleil ; elle me guette comme une image violente, comme toute image qui fait contraste.

Elle m'attire, et plus elle m'attire plus je voudrais me défaire d'elle.

A vrai dire au fond de moi-même je déplore le caractère malheureux de cette étrange passion, trop excessive.

Je projette sur E… des images qui ne correspondent plus à aucune réalité.

J'aimerais la voir soumise alors qu'elle est avant tout révoltée.

Je voudrais exciser définitivement ma passion pour elle, car quand elle me revient parfois par le revers comme aujourd'hui ; elle m'est trop douloureuse.

Je dois anéantir cette passion une fois pour toute.











LUNDI 4 FÉVRIER.









Dans cette chambre ou je vis en repli ; j'ai comme le sentiment qu'en moi des voies se sont fermées ; d'autres doivent s'ouvrir.

J'aspire à une liberté totale ; à une liberté qui libère de toutes les choses déjà apprises.

Je poursuis une route mélancolique et sensuelle ou rien ne me heurte assez.

















SANS DATE







Faire un saut quelque part.

Voyager en dehors de tout.

Me reprendre après m'être perdu.


















LE 7 FÉVRIER.80







J'ai besoin de reprendre un train d'écriture qui soit un vrai train d'écriture ; pas une vague posture comme celle que j'ai laissé s'établir ici depuis quelques temps. L'écriture que j'ai laissé survenir ici est trop complaisante.

La lecture de l'homme sans qualité n'est peut-être pas étrangère à ce revirement.

Le désir d'écrire d'une façon plus intérieure non plus.

J'ai dans la tête cette image, une maison dans le sud, un lieu pour écrire d'une façon paisible qui revient me hanter.













JEUDI 20 MARS 80.









Neige ce matin sur Paris.

Me suis levé à midi.

Mes réveils se font mal, j'oscille entre le noir et le gris.



J'ai rencontré hier soir un jeune allemand à la sortie du métro, il bruinait, il semblait me demander la direction de la porte d'Italie ; comme il était une heure passé ? Je l'ai invité à dormir chez moi ;il aurait attendu un métro qui n'existait plus à cette heure. Il est parti ce matin alors que je dormais encore. Il partait pour Saint-Trop. Drôle de trip !

P.. part pour la Bretagne cet après midi.

Je déménage la deuxième partie de mes affaires ce soir, j'aménage dans un nouvel appartement. Vive les voyages!



Je plaisante ; mais quelque part je demeure insatisfait de mes espaces.

Quelque part je me perds.

Une image de ma vie résiste à ma conception du bonheur.

















SANS DATE











Je ne peu créer que dans une liberté totale ; et au moment ou je trouve cette liberté matérielle de créer, je me défends de m'y abandonner.

Je suis un beau crétin.





































PARIS 1er (4 ème étage gauche)

RUE SAUVAL







Le 25MARS 1980.

Mardi soir.

J'ai presque terminé d'aménager dans mon nouvel appartement. Une très grande pièce blanche avec une salle d'eau et une cuisine ; deux fenêtres et beaucoup de lumière ; l'appartement est situé au cœur de Paris. C'est la première fois que je dispose d'un lieu si grand.

Les locataires de l'immeuble sont soit des travailleurs étrangers ; soit des personnes à la retraite ; des gens terre à terre.

Je dois rendre les clés de l'ancien appartement (de la rue Rochechouart ) demain.

Un pan nouveau de ma vie est en train de s'ouvrir.

Je suis seul, j'ai la nostalgie des femmes.

Je compte remonter dans les Vosges pour dix jours aux environ du 5.

J'ai gardé la chatte avec moi, (c'est l'arrangement que j'ai fais avec E… ) J'ai parfois l'impression qu'elle s'ennuie ; mais c'est une impression, je parle de la chatte naturellement, pas de E.. E… ne s'ennuie pas, elle est avec S…un aventurier fils de bonne famille.

M… est venu me voir hier; il était dans tous ses états; le lieu qu'il occupe le rend fou ma t'il dit; il cherche à en partir; me voir ici doit accentuer son désir de partir de son havre sous les toits qui lui

est devenu insupportable.






















MERCREDI







J'ai placé mon bleuet au centre de la pièce vide et blanche ; de l'eau bout à l'intérieur d'une casserole.

L'eau je l'ai fais bouillir à cause qu'ici l'air est trop sec ; à cause du chauffage électrique que j'y ai installé.

Le camping gaz au centre de la pièce produit sur moi une étrange sensation ; j'ai l'impression de bivouaquer, j'ai l'impression d'être en voyage.

J'ai l'impression d'être ailleurs.

J'aime cette sensation obscurément.









Le décor ici est assez frustre comparé à d'autres lieux que j'ai pu occuper.

L'espace ici semble en attente de quelque chose d'indiscernable ; c'est peut-être la nudité des murs qui joue ce rôle.

Je dois le dire ; je suis en attente d'une vie à venir.

L'espace nu des murs (lui aussi ) semble attendre.

Il attend probablement (que le jour vertical se lève).

C'est pourquoi ma pensée aussi est dans l'attente.

C'est pourquoi ce lieu aussi est dans l'attente.

Nous attendons tous que le jour vertical se lève.

Et qu'il nous fasse nous lever.

Tous.

Hors de nous.







Ce miroir peut-être est inutile je n'aurais pas du l'amener.

Ces deux panneaux posés contre le mur à quoi vont 'ils vraiment servir ?

Cette chambre est nue comme paraît l'être une femme frivole.

Sait-elle ?

Lui a t’ont dit déjà ?

Qu' - elle va servir d’entremetteuse au petit peintre ?

Sait-elle ?

Qu'elle va servir de lieu de méditation et de supplice pour celui qui réclame ici même à corps et à cri le vil statut d'écrivain et de bonimenteur ?

Sa nudité de femme promise annonce t’elle des plaisirs (salaces ou sucrés) ?

Des plaintes (subtiles au détour) ?

Des joies (qui seront toutes subites et éphémères) ?

Des souffrances (probables et presque inutiles) ?

Ou bien n'est elle faite que de rumeurs ?

Annonce t’elle des jours nouveaux cette douce femme solitaire allongée sur ma couche ?



Ma tête gît sur ses genoux.

Ma tête est lourde.

Le décor est léger.

Le décor est frivole.

Ma tête est lourde elle me tombe.











SANS DATE







M'exercer à petites doses à travailler, car j'ai reculé depuis longtemps le principe d'une activité.

Cette fuite dans les désirs et les angoisses du repli ; cet abandon à des errances à ses revers.

Je vais chercher à me déployer.











UNE PAGE DE COMPTES.

























JEUDI 27





J'ai peut-être le cœur trop sec, cela se sent à certains endroits ; certains moments de dépression proviennent de là.

Je ne caresse plus que des rêves.

Je frôle du dur et du rêche.

Ce journal ne montre

Ce journal ne sert

Qu'à refléter des moments d'absence ?

Je n'ai rien à dire dans ce journal, rien à convier.

M... ma dit que j'étais cynique.

Cela ma fait mal, je ne croyais pas l'être.

Je me durci , par peur d'aimer trop.

Je ne sais pas bien danser.

Il me manque. Toujours un manque.











SANS DATE





C'est une sorte d'étranger qui écrit ces lignes.

Pour écrire comme lui il faut quelque part accepter comme lui, l'ablation de son moi de sa réalité de son corps ; car parfois il lui arrive d'être inaccessible à lui-même.





Une écriture sensible devrait couler le long de ces pages, et y fonder des ruisseaux ; des lignes miroitantes et faire éclore des bulles de lumière sur ces pages ; mais on peu rarement prévoir une telle écriture.

Celle que je traverse, je ne l'aime pas ; non je ne l'aime pas réellement. Elle me rappelle un peu dans sa façon de se dire ; ces papiers collés (légèrement froissés)de Perros. , quelque chose qui frise à tout moment la tragédie, cela ne me plaît pas .Cela ne me plaît pas de n'être qu'un simple papier qu'on froisse.

C'est que je dois trouver d'autres sujets de préoccupation que moi.

Mon intérieur devient sec à force d'être rabâcher.

J'ai trop dit comme cela.

Inutile de recommencer.











SANS DATE





Lecture d'une biographie de Klaus Volker sur Brecht.



L'itinéraire de Brecht me rappelle à des valeurs perdues.

Brecht peut m'aider néanmoins, car il me ravit à cet état de ravissement surfait ou s'ennuie ma nature.

Le sens critique m'est nécessaire, il est chez moi comme une partie essentielle de ma nature.

Je dois sortir des armes plus brillantes de mes placards.









SANS DATE









Musique religieuse, cantique à la radio. Soleil.

Je fume une blonde.

J'ai passé une partie de la matinée et de l'après - midi à piétiner sur cette étude qui est une contrainte de travail que j'exerce sur ma sensibilité.

Je procède uniquement par petites touches, découvrant de temps en temps un vague intérêt dans ce jeu désolant ou tombe mon écriture.

Je me reproche de manquer de résolution(le mot sonne faux)de manquer de tempérament (le mot sonne plus juste), face à cette somme de travail qu'il faut livrer pour arriver à produire un résultat un minimum satisfaisant. En réalité je suis assez mal armé, pour affronter ce genre d'épreuve ; je me suis répété cela souvent ; je manque de discipline et de formation. Tout travail d'ailleurs qui n'est pas un tant soit peu empreint de plaisir me rend grincheux. Elève médiocre, je ne dois surtout pas chercher à rivaliser avec les penseurs, ils me sont étrangers. Je suis encore et toujours l'autodidacte mal dégrossi.















DIMANCHE 30.





Mal aux dents, c'est paradoxal, car elles sont arrachées. Je prends Glifanan sur Glifanan pour calmer la douleur.

J'ai décidé de partir dans les Vosges pour une semaine. Je vais prendre le train de 6H45 mardi matin. J'ai encore une séance chez le dentiste demain à 15H3O.Plutôt ce sera fini, meilleur ce sera. Je me serai fais arracher sept dents dans la semaine.

J'ai étalé du linge dans ma pièce, elle a prit des airs de buanderie.

Mon ami M... doit passer en mon absence pour donner à manger à la chatte.

Ma voisine est venue ce matin me montrer une photo de ses enfants et petits enfants ; c'est une dame d'un certain âge, plus de la soixantaine ; elle porte de grosses lunettes, elle aime beaucoup parler ; elle a pris une photo de la chatte, et ma fait visiter son appartement qui n'est pas si mal ; il me fait penser, à l'intérieur de ces vieilles fermes montagnardes à cause sans doute de la disposition des lieux ; de l'aspect des murs blanchis et de l'atmosphère rustique qui s'en dégage.

Je lis actuellement plusieurs livres à la fois. Une biographie de Brecht, un livre d'Artaud - Messages Révolutionnaires - un livre sur la violence et le sacré ; le nouveau désordre amoureux ; une autre pile de livre m'attend. Un saint Ignace de Loyola, et une étude sur Einstein font partie de mes lectures intermittentes.

Hier soir je suis allé au vernissage (rue de la Villette) un peintre américain exposait ses toiles. Ses toiles sont volontairement agressives ; des jeunes hommes aux gros sexes apparents s'offrent en spectacle dans un décor aux teintes grises et passés ; tout cela me fait penser au groupe Bazooka et à Andy Warhol. Il y a là de l’intérêt, et un côté spectaculaire qui n'est pas sans m'attirer, à cause peut-être de la provocation suscitée par les toiles.

Je compte me mettre à l'ouvrage moi-même ; j'ai récupéré un grand châssis de bois recouvert de carton, de 1,50X2m.

J'ai des projets qui sommeillent ; sortes de clair-obscur obscènes (scènes contemporaines)traitées de la façon classique, avec toutefois l'idée d'une défiguration de la couleur et des formes, qui doit se préciser.

Si mon étude sur Artaud -Brecht me laisse le temps, je commencerai à me mettre à l'ouvrage en rentrant des Vosges.

Ce soir je suis invité, à pendre la crémaillère chez M…….







LE 2.4.8O



J'ai réintégré le paysage de toujours, celui de mon enfance ; je n'éprouve aucune joie particulière à me promener dans les rues de mon village, principalement lorsqu'il pleut. Je vois peu de gens ici ; ceux que je vois me semblent trop semblables à ceux que j'ai toujours connus. La tâche même que j’accomplis à travers cette étude théâtrale me semble absurde ; et en tout cas déplacée.

(j'ai plutôt besoin de donner à la scène du sang et des pleurs.)

Chercher à méthodiser le chaos à travers une étude universitaire plutôt que se livrer à ses penchants véritables est une absurdité.

Je suis en tout point aujourd'hui objet d'errance.













SANS DATE





Ce que je lis de Brecht m'irrite au plus haut point ; car je découvre chez lui la marque d'une intelligence sociale que je ne possède pas ; et que j'ai rêvé quelque part de posséder; Brecht était en outre un merveilleux joueur de poker, il savait placer ses coups là où il fallait, et quand il fallait ; était-il vraiment aussi cynique qu'on le dit dans ses rapports avec les femmes ?





Quelque chose me déplaît foncièrement dans ma façon de conduire ma vie ; je dois l'avouer, je suis affligé quelque part d'une dose formidable de naïveté ; je crois les événements les plus courants soumis à une sorte de destinée magique ; contre laquelle je n'ai pas de prise. Ce qui m'ennuie dans ce constat ; c'est la perte de mon sens critique, assez rigoureux il n'y a pas si longtemps et qui a disparu sous l'effet d'une sorte d'abandon total et irréfléchi aux circonstances.

Je manque d'agressivité, et cela en un sens m'est fatal.









JEUDI 10.4.80





Je suis de retour à Paris depuis hier soir. Seule la chatte semblait m'attendre.



















SAMEDI 12.





Soleil, me lève vers 13H.

J'ai fais la java hier soir, je suis sorti en boite avec M……

L……. est passé vers 1OH légèrement abattu, il m'emmerde un peu avec sa complaisance à s'abandonner à ses flippes. Il a souvent besoin d'être remis en place. Toujours ses mêmes obsessions sur la création, bref il est parfois insupportable.

Quand je regarde ma façon de vivre, elle me semble parfois trés paradoxale, un peu étrange, parfois désabusée ou outrée ; je vis quelque part en dehors du temps. Cette impression n'est pas nouvelle. Elle resurgit fréquemment.

Je suis en manque d'amour, je le savais depuis un certain temps, mais cela se confirme de plus en plus ; pourtant rien ne surgit à l'horizon depuis ma rupture avec E……

J'ai aussi envie de baiser, mais c'est une autre histoire.

Je suis comme un poisson dans un bocal de luxe qui dispose de tout son temps et de tous ses esprits, et qui demeure pourtant instable, infréquentable quelque part.










DIMANCHE SOIR IL DIT :







J'aimerais tuer la tendance au confort qui m'habite.

Mais que fait-il ?

Il devise tranquillement la pipe à la bouche devant sa fenêtre.

Cette peau, cette protection qui l'entoure, il l'aime sans doute plus qu'il n'y paraît.























SANS DATE



LE BROUILLON D'UN RECIT





LE VOYAGEUR PERDU





Il était arrivé à son but. Son but était cette gare désertée. Il la contemplait désabusé.

Cette gare désertée était remplie d'une foule silencieuse invisible, il se sentait lasse, il se demandait en définitive quel avait été le but de son voyage.

Il lui semblait qu'il avait perdu le sens de l'orientation sinon pourquoi aurait - il échoué ici. ? C'est à peine s'il se souvenait :

Il s'était il y a peu de temps contenté de suivre un train ; ce train avait pris un peu de retard, ce n'était pas sa faute, il traînait en chemin. Ce train devait le conduire quelque part ; il ne savait trop où à présent ; sans doute dans une ville imaginaire car il aimait beaucoup les villes.

Lorsqu'il s'était réveillé le matin, il avait aperçut à travers les vitres du train une ville étrange parfaitement anonyme, une ville ou les monuments et les gens se confondaient dans son imagination avec des images immobiles. Cette ville imaginaire était pourtant bien réelle (dans son esprit il ne savait plus ou se tenait le vrai du faux) il se disait que cette ville était celle qu'on avait choisit pour lui, pour qu'il y fasse son nid ; il ne vit pas tout de suite, qu'elle était enfouie sous un tas exceptionnel de choses inutiles et stériles.

Ces choses inutiles et stériles pouvaient la rendre attrayantes les premiers temps pour les hommes qui la visitaient en quête de trouvailles originales ; mais passé ce mouvement, il apparaissait trés vite à ces hommes que ces trouvailles ne valaient pas grand chose. Lui pourtant était persuadé du contraire; c'était pourquoi il était resté si longtemps dans cette ville.







Le plus difficile ensuite avait consister à s'échapper de cette ville mirage, de ce lieu si banal ou il avait (il venait de s'en apercevoir après coup) passé plusieurs années de sa vie ; il venait juste de réaliser qu'il faisait partie de ces hommes qui s'étaient trompés sur les pouvoirs de cette ville. Cette ville l'avait trompé, elle n'était pas si admirable. Il avait décidé d'en partir.







___________________________







Il était parti de cette ville, mais elle le retenait encore en otage. Il était prisonnier d'elle ou plutôt son imagination l'avait rendu prisonnier d'elle. Il lui avait trop consentit sans s'en apercevoir. Cette ville l'avait enchaîné, elle était devenue pour lui une ville mythique. Et bien qu'il fut seul dans cette gare désertée, son imagination parcourait encore les ruelles irréelles fantasmé de celle cité mythique ; il était toujours prisonnier de cette ville.



Pour s'extraire de celle ci (en esprit) il s'était fixé un but, il s'était donné d'écrire sur celle ci un mémoire ; Il pensait que c'était seulement après qu'il ait écrit ce mémoire qu'il pourrait en partir. Il s'imaginait qu'il serait libre de ses mouvements seulement après qu'il ait écrit ce mémoire ; car il s'était mis dans la tête qu'il devait se procurer un passeport pour franchir la frontière qui séparait cette ville imaginaire du monde réel. C'est pourquoi, il s'était mis à écrire. Il pensait qu'en écrivant il retrouverait contact avec le monde réel. Il écrivait sur une petite table de mica, derrière la vitre épaisse et transparente du train. Il écrivait, il écrivait, cela faisait des jours entiers qu'il écrivait.

C'était peut-être peine perdue... c'était peut-être peine perdue ; car déjà il ne savait plus ou il était.

Il était sans doute arrivé, à son but.

Le but de son voyage était cette gare déserte.









SANS DATE









Difficulté à travailler, tous mes travaux avancent avec lenteur.

J'ai un problème de concentration.

J'aimerais réamorcer une production en peinture ; mais c'est lent à démarrer.

Une sorte de glissement s'est opéré dans mes états intérieurs.

Je dois passer un cran au-dessus.









LUNDI





Paris.

Soleil bruit de ville.

Je prends des notes à la dérobée.

Mal d'espace.

Je pense à E…… qui est partie pour BALI.

Il me semble que je perds mon temps ici.

Hier j'ai revu S… il ma déçu, il est mangé par la froideur, il est mangé par son travail; il se raccroche à son travail sans plus (S… est un fabuleux danseur qui ne danse plus; quelque part il est comme mort ).

Beaubourg hier soir, j'ai aperçu le visage d'une fille qui resplendissait, elle chantait seule dans la pénombre.

En rentrant, j'ai arraché violemment le collier qui pendait à mon cou depuis plusieurs années, geste incompréhensible ; j'avais envie de dévorer tout l'espace.

Jeu stupide d'un jeune chien qui s'ennuie ou prémisse d'une guerre intérieure ?







SANS DATE







Je viens de lire quelques articles sur la mort de Sartre.

J'éprouvais beaucoup d'affection pour lui , même s'il était aussi loin que possible de mon univers. Quelque chose va manquer à notre époque ; car une partie de sa conscience rebelle vient de mourir.











SANS DATE



ÉCRIRE.





Aujourd'hui, ma situation matérielle est bonne, mais c'est ma situation psychique qui est douloureuse.

Une sorte d'abandon caractérise mes états présents.

Je me violente trop fréquemment.

Sartre dit qu'écrire ne change rien au monde ; mais qu'une planche de salut peut s'offrir à celui qui écrit ; ne serais ce qu'en ceci " L'écriture le vide de ses abcès ".



Voici ce que je réponds :



Rien de ce que j'écris ne me satisfait. Rien de ce que j'écris ne me représente en totalité.

Je suis vierge  d'écriture.







J'ai cherché éternellement à tirer satisfaction de mes écrits sans jamais y parvenir ; c'est que ma jouissance dans l'écriture n’a jamais pu s'affirmer réellement ; c'est à dire qu'elle n'a jamais pu s'affranchir de l'idée que je m'étais faite un jour de l'écriture ; une idée presque mythique, inactuelle, intemporelle.







Je n'ai pas fais un cheminement dans la conscience par l'écriture comme Sartre la fait. L'écriture m'est venue comme un objet paradoxal, que j'utilise pour m'éblouir, pour me mystifier et pour m'assujettir ; car je suis aveugle à moi-même. L'écriture rajoute à mon trouble plus qu'elle ne m'apaise. Pourtant c'est vrai écrire apaise temporairement mon mal d'être, sinon, je n'écrirais pas d'une façon aussi régulière.

D'ailleurs parler d'écriture dans mon cas est une affirmation osée.

Je n'écris pas, je N'écris.( négation d'écrire).











SANS DATE







Je suis physiquement mal dans ma peau, je ne trouve pas de stabilité dans mon espace.

J'aurais besoin d'un exutoire.

L'écriture pourrait être cet exutoire ; je m'efforce parfois quelle le soit ; mais je n'y parviens pas.

J'ai la sensation cruelle de me répéter à chaque page que j'écris.

Tout ce que j'entreprends au niveau de l'écriture se brise.

Ne subsiste que ces vulgaires notes qui me servent d'exutoire.

Je suis penché sur l'écriture d'un roman qui ne parvient pas à s'écrire, car il est trop proche de ma vie.

Ainsi, il ne s'écrit pas.

Ce roman s'appelle NUIT AUX PÔLES ; voilà la définition que j'en donnais il y a quelques temps :



" Ce roman est déduit du rapport incessant que j'établis à l'écriture. L'écriture serait le centre pulsionnel et attractif du roman ; ce roman n'en serait pas vraiment un au sens traditionnel, car il ressemblerait plus à un corps d'écriture qu'à un roman. Ce serait un corps de révolte, de jouissances et de passion. L'objet du roman serait l'écriture elle-même."



J'ai plusieurs fois tenté d'écrire ce roman, sans jamais y arriver.























SANS DATE











L'ECRITURE







Redeviendra pour moi, ce qu'elle aurait toujours du demeurer, une compagne privilégié ; le jour ou la pénétrant comme un homme pénètre un femme, j'en ferai une maîtresse résolue à m'aimer.

Ce jour là ; devenant pour moi une véritable compagne d'amour, elle reconstituera le véritable centre de ma mémoire celui qui passe par mes profonds désirs pour elle. Ce jour là, je serai libre d'être moi-même et de l'aimer sans réserve.







SAMEDI 17 MAI 80



Mal de gorge, j'ai du choper la crève les jours derniers, en me baladant chemise ouverte par plein vent.

J'ai rencontré A.. à Beaubourg cet après midi, agréable surprise; il a beaucoup changé dans l'aspect physique, mais aussi à l'intérieur de lui. Nous sommes allé prendre un pot ; il ma parlé de son voyage en Asie et en Inde. Il ma mit l'eau à la bouche avec ses aventures, il respire l'odeur des voyages ; il m'a donné envie de voyager.

Je suis enfermé depuis trop longtemps dans cette ville (Paris.)Je dois en sortir quelques années ; le mieux serait d'accélérer l'étude, et de voyager une ou deux années d'affilé. Revenir vers trente trois trente six ans, ce sera bien assez tôt pour ce que j'ai à faire.











26 MAI 8O.





UNE RÉVÉLATION :



Mon imaginaire personnel dévoile de plus en plus le mystère naturel des signes occultes qui sont présents dans la réalité, mais que nos yeux ne peuvent voir à l'ordinaire. Disons pour dire simplement qu'il existe un autre état de conscience qui interprète différemment la réalité. J'en ai fais l'expérience hier .

J'ai assisté dans un état second à des Danses sacrées au Châtelet ; c'était des danses pratiquées dans les temples en Inde, elles datent au moins du VI ème siècle de notre ère. Il est vrai que j'avais fumé une herbe, dont j'ignore la provenance ; j'étais avec mon ami J… le poète vénézuélien.

Les figures que les danseuses dessinaient dans l'espace me parlèrent d'une façon si intense que j'en fût immédiatement bouleversé ; en réalité (j'avais l'étrange la sensation qu'elles ne s'adressaient qu'à moi seul ) . Je sais reconnaître l'absurdité d'une telle affirmation puisqu'il y avait au moins trois cent personnes dans l'hémicycle du théâtre ; mais en regard de la normalité certaines affirmation paraîtront toujours bancales.

Je me dois d'être clair, si toutefois aujourd'hui j'y arrive. Ces figures me parlaient d'une façon réellement exceptionnelle. Elle me parlait de moi, du moi qui est en moi et de celui qui le double (pour dire comme Artaud ) Ce moi était lui même et un autre. Il était à la fois humain et supérieurement humain, c'est à dire divin. Mais ceci n'est pas encore suffisant pour rendre compte de ce qui s'est produit à ce moment là entre moi et les danseurs sur la scène ; je voyais ceux ci comme une succession divine d'intelligences, qui tentaient de m'expliquer car je les interrogeais les principes de fonctionnement de l'univers, et ils me les expliquaient. Ils m'expliquaient la constitution réelle du monde, et ils me montraient la forme de l'intelligence sacrée qui se meut derrière tout ça. Les danseurs et les danseuses sur la scène possédaient la connaissance, ils m'expliquaient directement ce que j'avais toujours cherché à comprendre, sur l'origine mystérieuse de la vie. Cette vision que j'ai eue, je suis incapable de la reconstituer dans son intégralité ; j'ai l'impression à présent qu'elle m'échappe, car les mots sont impuissants à la traduire. C'était comme si ma vision du monde s'était élargie d'un seul coup ; et puis s'était refermée peu après.










SANS DATE



J’ai besoin d'un grand dépaysement. Je me suis fixé le 30 pour aller en Bretagne; la Bretagne n'est peut-être pas ce dépaysement brutal dont j'aurais besoin, mais je n'en vois pas d'autres à portée de ma main. Si j'étais assez fou, je partirais au hasard en pointant mon doigt sur la carte de l'Asie ; mais je ne suis pas assez fou pour cela ; mes voyages à moi sont toujours ou presque imaginaires.

Dans une interview Godard dit qu'à force de vivre trop longtemps seul, on finit par devenir fou. Je suis presque à même d'en fournir la démonstration surtout après l'expérience que j'ai vécue récemment au châtelet.





SANS DATE







RENCONTRE D'UNE FEMME IMAGINAIRE



Je suis l'ange et le démon, le fou qui suit la courbe des astres

Le ciel s'est couvert d'un voile de suie opalescent

Le ciel et les étoiles se logent dans mes narines

Les poètes que j'admire récitent des vers en direction des dieux

Des déesses modernes ont planté leur rouge à lèvre dans les bassins du Trocadéro

Dans un rêve, j'ai vu une femme aux cheveux roses qui sirotait une grenadine sur une place perdue

Quelque part dans Paris

Elle avait la peau jaune comme les blés

Je n'étais pas trés sur d'être à la hauteur lorsque je l'ai vu se pencher sur moi pour m'embrasser

Je l'ai fait basculer pourtant d'un seul coup de rein dans ma nuit solitaire

Elle est toujours accroché à mes basques depuis.









BRETAGNE ETE 80





Je marche dans un désert idéal, je suis assiégé par les rêves.

Je suis parti de Paris car mon âme commençait par y brûler.

J'ai du mal de trouver ma place ici en Bretagne.

Je suis chez mon ami D.. et chez K..........sa nouvelle femme (jeune), notre relation est en perpétuel déséquilibre.

J'ai amené la chatte, elle a failli m'échapper à la sortie du train ; elle était devenue comme folle.

J'habite dans leur petite maison qui est charmante.

Nous allons travailler pour un Festival.

Le stage avec le Bread-and Puppet est compromis.

Je dois sortir de mes pompes.











SANS DATE









Largeur des estuaires

Longueurs des plages

Corps dorés

Cœurs ruinés

Pâmes

Vertiges

Surtout vertiges, car nous sommes sous les pluies

En bordure des falaises

A nos pieds rampe la mer de nos fortunes





DIMANCHE 13





Temps pluvieux sur la Bretagne comme à l'accoutumé.

Nous sommes allé assister aux mystères de Morlaix hier-soir, grande fête locale ; c'était une sorte de mystère parodique qui regroupait au moins deux cent participants. La pièce était pas mal conçue. C'est quasiment un mystère imaginaire. L'idée est très bonne.

Je rêve trop.

Je découvre peu à peu la Bretagne. Une vie culturelle intense, beaucoup d'exilés parisiens, chômeurs ex-baroudeurs qui se sont retirés dans ce pays couvert de pluies. Notre trip d'animation sur le festival de la R... J... prend forme. Pour le moment je réémerge, je prends mon pieds dans les couleurs ; nous avons monté un atelier peinture ; des colos doivent venir dés la semaine prochaine pour l'investir.







AU PROGRAMME DU FESTIVAL







FÊTE DE L'EAU



DIMANCHE 29 JUIN un temps fort du festival.

D.. me parle d'un jeune poète qui s'appelle Yvan .Le Men rencontré récemment.

Xavier Grall le Hérault des poètes alternatifs breton a dit de lui - il a le verbe plein la gueule et le théâtre dans la peau, à lui seul il est comme une émeute au bords de mer."

Il n'y a qu'en Bretagne qu'on puisse faire une telle publicité pour les jeunes poètes !



EN JUILLET





De la musique médiévale

Danse classique

Musique contemporaine percussions (Christopher TREE)La partie la plus intéressante.

C.Tree est un américain qui improvise des musiques étranges à travers une centaines d'instruments à percussion, des tubes de laiton, des cloches de cuivre (représentant la silhouette du bouddha ) des clochettes indiennes, des cymbales de chine, des cloches birmanes.

EN AOÛT



Alberto ponce guitare classique

Poésie avec Queneau ( je l'ai raté!)

Free - jazz ( Portal )



BREAD AND PUPPET

En réalité la venue du Bread est compromise.









LUNDI. JUILLET



Je suis toujours à Plouha chez D… et K…

J'ai retrouvé un certain équilibre mental.

Hier soir nous avons passé la soirée avec des amis dans une petite maison ; la fréquentation de gens très divers me fait du bien. Je retrouve des références " sensitives", après ma cure d'ultra solitude mystique à Paris.

Actuellement je suis rentré dans une phase picturale. J'ai eu beaucoup envie de peindre les temps derniers, mais j'en ai eu très peu la possibilité. Cela me confirme dans la nécessité pour moi de ne pas me cloisonner, purement théâtre, purement écriture, purement peinture. Je traverse des phases impossibles à programmer d'ailleurs. Pour le moment, je dois laisser se développer au maximum cette phase pictural.

J'aimerais peindre un grand tableau intitulé" le déjeuner sur l'herbe" en rappel aux impressionnistes, c'est les couleurs devant la maison de D.. qui m'y incitent, et une certaine cambrure ;une cambrure violente du paysage.

J'ai peins une vue de la chambre ou je suis, (quand j'y suis).





















































































































CARNET DE PEINTURE ÉTÉ 8O












































EXTRAITS DU CARNET PEINTURE ÉTÉ 8O. (Juillet)

(Carnet vert à spirales.)



NOTES ET DESSINS :

Première page.

Une page de symboles colorés.

























































































Seconde page.



Ici rien qu'une multitude de signes (graphiques) et de couleur.

Des lettres.

Tout cela n'est pas sans me rappeler le travail plus systématique toutefois de F.. dans ce domaine.

S'agit-il de trouver un nouveau code ? ( un code pictural universel) ou d'exprimer spontanément par une série d'associations inconscientes des états émotifs à partir d'un code prémédité.

Ou bien nous trouvons-nous simplement en présence d'un "nouveau code primitif aléatoire" né des associations poétiques, résultant de l'interaction de signes d'objets et de couleurs posés arbitrairement sur la page. Tout ça est encore assez confus, mais indique malgré tout un ordre de préoccupations, qui sont tout simplement celles qui me tournent dans la tête à présent et qui concernent l'emploi simultané, des lettres des chiffres, des symboles, et des couleurs associés en vue de produire un petit livre par exemple.

UN PETIT LIVRE QUI S'INTITULERAIT.







PORT POÈME




ET POÈME TRACTEUR

et qui se composerait comme suit.





D'un poème un peu, mais pas trop ringard

Le poème qui suit :



A toi l'insolente maîtresse de mes rêves insoumis,

Je soumets ce poème TRACTEUR

Pour que tu puisses

A l'envie

Venir étreindre

Mon cœur pionnier

Mon cœur paysan

Mon cœur cultivateur

Tel des mottes de rêves

J’écrème mes poèmes

MOT A MOT

En terre je sème

Des poèmes



Je survole les sillons

Comme si c'était des vagues

Les océans éternels

de la création

Je les tourne et retourne

A la pointe de ma houe



Je fertilise les étendues de la PURE POESIE PLASTIQUE

Sur mon POÈME TRACTEUR

A est ROUGE

O est NOIR

I est VERT

U est JAUNE

et toutes les lettres de l'alphabet ont une couleur

Rien de nouveau

Je sème

Des RIMES

Sur mon POÈME TRACTEUR



De mon port imaginaire

Je vois se dresser

L'océan

Impétueux

Je vois scintiller

les vagues que fait

La poésie moderne

Quand elle est prise d'assaut

Par mon tracteur

Ce n'est rien

Rien de bien extraordinaire

Ne vous effrayer pas citoyens, citoyennes !

C'est moi qui sème

Je sème

Tel que

Cendras

Apollinaire

Rimbaud

Et

Maillaikoski

Me l'enseignèrent

Je sème dru

Je sème ferme

Je sème

Les toutes petites graines DE LA POÉSIE MODERNE !





ST.J.D'ASTRE août 80.



Et d'une composition plastique musicale avec lignes cercles carrés et triangles de couleur rouge jaune vert bleu noir et orange sur fond blanc. Les lettres du poème étant elles même colorées. Cette composition formerait un petit livre qui lorsqu'il est déplié, formerait une fresque de dimension réduite.

Comme suit :

DISPOSITIF TYPOGRAPHIQUE :










______________________________________________________________________________________________











PORT-POÊME

ET POÊME TRACTEUR Collages dessins signes lettres sous forme d'un dépliant



avec des ronds des Carrés et des triangles de culeur







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DISPOSITIF de couleurs de formes et de lignes :






























SUITE







Juillet. Bretagne.




AUTRES ESQUISSES POUR M'AMUSER



Un dessin au feutre et au crayon de couleur.

(Avec une note écrite sur une page blanche juste en face.)






































































"Isoler des figures pour arriver à une signification qui parle à la vue et aux sens."

































































































______________________________________________________________________________________________








UN AUTRE DESSIN. (toujours au crayon de couleur et au feutre)



Avec une note sur une page blanche juste en face.











































































































"Ce qui me paraît intéressant, c'est de savoir à partir de quand la matière peut provoquer un état correspondant à une sensation précise."
































































































___________________________________________________________________________________



Sur une page isolée







POURQUOI RECHERCHER TOUJOURS UN SENS ?



Est ce l'objet du travail ?
































































































Il s'agit ici simplement d'une ébauche de travail sur la matière, et sur les sensations quelle est à même de provoquer.













Notes:



SIGNES:

Quelque part, il faudrait pouvoir décomposer d'une façon systématique les signes, les couleurs, les formes ; utiliser toutes les combinaisons possibles en variation.

Pour que les signes ainsi mis à jour parlent à toute sorte de public, et non pas seulement à un public d'initiés, que faudrait-il ?

S'agit-il seulement de créer un nouveau code ?

Ou de suggérer des états émotifs

Il s'agit de recréer par transposition, un nouveau langage, portant avec lui de nouvelles significations.

Puis-je le faire sans passer par une vison du monde liée à mes propres désirs ?

Ce langage peut-il être simplement pure abstraction ?

Pour qu'il parle à tous à quoi doit-il être relié ?















______________________________________________________________________________________________________













MARDI 29.JUILLET

Temps froid et grisâtre sur la Bretagne. D… et K…n'arrêtent pas de se disputer; il est toujours difficile dans un couple de décider de l'un ou de l'autre qui des deux à le plus tord. D.. n'est pas facile à vivre, il se laisse souvent aveugler par son idéalisme, K…est aussi idéaliste; mais elle est aussi plus terre à terre; toutefois elle se laisse avoir par le côté affectif , car elle est plus fragile en apparence de ce côté. Je retrouve ici les mêmes antagonisme de couple que partout ailleurs sous des formes différentes à première vue ; mais au final les luttes passionnelles sont souvent les mêmes.





P.. LE 9 AOÛT.





Je suis toujours en Bretagne ; D.... et K.. vont à un mariage cet après midi, je vais en profiter pour rester seul.

Depuis plusieurs semaines, nous avons pris l'habitude de fonctionner à trois. Notre périple sur le festival en est à son milieu. Après le cycle avec les ateliers d'enfants, une certaine saturation est apparue. Heureusement le travail de collage d'affiches que nous effectuons D.. et moi nous procure un certain dépaysement. J'admire mon ami, c'est un brasseur d'énergies.

Le prochain point d’intérêt à venir, c'est le BREAD AND PUPPET.

J'ai du mal de prendre des notes d'une façon régulière ; personne d'ailleurs ne m'oblige à le faire ; à part cette hantise de la chronique qui m'est toute personnelle.

Il se révèle qu'en réalité, j'ai peu de chose à dire ; et bien peu de choses à noter ; cela dure depuis pas mal d'années. Ces notes n'ont peut-être qu'un seul usage ; elles constituent des jalons ; j'ai toujours eu la certitude que j'écrirais un jour un roman(le roman de ma vie)comme je manque de recul et de distance par rapport aux événements vécus, je me contente de ces notes prises à la hâte en espérant qu'un jour elles puissent me servir.

Je manque trop de recul et de distance pour écrire vraiment comme un chroniqueur.

A partir de quel moment serais-je vraiment en situation d'écrire pleinement ? On ne peu pas passer toute sa vie à mettre sa vie en événement par le biais de notes presque illisibles.

Je ne suis pas mûr pour écrire comme je l'entends ; mon art de vivre n'est pas encore au point ; j'ai trop de ratés, je suis trop chaotique, trop brouillon, trop anxieux, trop convaincu d'être un artiste.

Je voyage trop dans les rêves, pas assez dans la réalité.

Je n'ai pas encore appris à accepter ma spontanéité créatrice, comme un don venant de la nature ; je suis encore pris dans un tourment intérieur que j'ai du mal à m'expliquer.









SAMEDI 16 AOÛT





Toujours la Bretagne. Bientôt le stage du Bread.

Les événements courent et accourent.

Je demeure insatisfait de ma vie présente. Les actions que je mène me laissent sur ma faim.

Je dois rejoindre la peinture d'ici peu.







SANS DATE





Arrivée du Bread and Puppet dimanche vers 16H.

L e rythme des événements se précipite depuis l'arrivée de la troupe.

Me suis branché avec une fille aux yeux bleus transparents au visage volontaire G.. c'est une ex parisienne qui a rejoins la compagnie de P.S… Il y a aussi d'autres rencontres intéressantes M… et N...et une multitude d'autres personnes avec qui les branchements sont plus fugitifs.

P.S… nous a expliqué le programme des jours qui suivent. Répétition de la scène du pain demain (sans les marionnettes ; elles ne sont pas arrivées).

P.. et le reste de la troupe décident( après le repas) d'aller visiter les calvaires. P.. garde son calme et sa bonhomie devant les événements; Il me fait penser à un lutin espiègle, très malin. Il tente d'apaiser les ardeurs des stagiaires. Il nous a expliqué la méthode pour confectionner les masques.

J'ai décidé de visiter les calvaires avec la troupe ; nous avons visité deux endroits, une chapelle bretonne du XIVème siècle, avec une cloche curieusement penchée, et à l'intérieur des fresques d'une beauté saisissante ; même si la mythologie chrétienne qui sert de toile de fond paraît un peu usée. Nous avons visité une autre chapelle située en bordure de mer, avec toujours des fresques remarquables(des ex-voto).









SANS DATE







Je suis un fils de la femme, élevé initié par elle, je dois assumer cette part de complicité (celle là qui fût délibérément entretenue par ma mère) ; je dois aussi assumer la part de l'homme, sa part de responsabilité, celle que j'ai du aller chercher moi-même, car mon père ne m'avait pas initié à sa conquête.

J'ai trop tendance à me laisser aller au plaisir et à la jouissance, c'est là une part non négligeable de ma faiblesse.





SANS DATE









- L'homme ne peut être libre que s'il reconnaît la forme objective de ses passions.-

J'ai écris ça dans un moment de lucidité ou de démence ?









LE 9 NOVEMBRE 80



Je ne sais plus quand j'ai pris ces notes plus haut ; il y a peut-être de ça une semaine ou plus. Dans le cours sinueux de mes démarches, je manque de plus en plus de points de repère.













NOTES DE L'AUTEUR PRISENT A LA SUITE DU MANUSCRIT ( LORS DE SA FRAPPE en l'an 2000).

SUITE



Quelques notes tirées d'un cahier vert.

Notes sur un projet. Création d'une base expérimentale de l'acteur. Octobre 8O.

Notes sur des actions rituelles.

Notes sans dates

Puis notes de novembre 8O.

RECONSTITUTION CHRONOLOGIQUE

Je dois tenter de restituer des événements d'époque.

TRANSAT début 81.

2:J'ai retrouvé le passage Sur la vision au châtelet de la DANSE SACRÉE. Elle apparaît dans des notes datées de mai 8O. (en réalité je suspecte cette séance d'avoir eut lieu en MAI 81,car toute la période dramatique qui a suivit s'est située dans la foulée, les cours de Baratta, Malavica, le mantra etc. d'autre part, ces notes sont prises sur un cahier semblable au journal daté de mai 8I)

Aurélie et Balzac ou les placer ?

Instants et destin ?

Je dois supprimer beaucoup de choses inutiles.

Je me demande d'ailleurs quel est réellement l'intérêt du travail que je m'obstine à mettre à jour, car il ne reste de celui que j'étais hier qu'une pellicule incertaine.



ST.J.D'ASTRE NOTES NON DATÉES(Sans doute prisent lors de la frappe du manuscrit en 2000)






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 J'essaie de renouer le lien avec ce blog sans succès.https://draft.blogger.com/blog/post/edit/7404111315188263500/5146773148394142669 N...